Algérie - A la une

Quelle architecture, pour quel profit'



La beauté au service de l'architecture
La question de l'architecture associée à la durabilité et au design a été à l'honneur avec la présentation de réalisations concrètes et des cas d études par des architectes, des urbanistes professeurs d'universités en Italie et en Algérie...
L'expo dédiée au design algéro-italien s'est clôturée samedi par une série d'interventions de différents protagonistes du secteur des deux pays appelant à faire montre d' ambition, mais aussi de détermination dans la réalisation de leurs projets, pour contrer l'échec constaté ici et là. En un seul mot: de l'engagement au service de la durabilité.. C'est dans le cadre de la 2e Journée mondiale du design italien «Italien design day», organisée par l'ambassade d'Italie et l'Institut culturel italien en collaboration avec le ministère de la Culture et le Mama qu'elle s'est inscrite cet après-midi, placée sous le label de la seconde journée «Les ateliers de la beauté» où la question de l'architecture associée à la durabilité et au design a été à l'honneur avec la présentation de réalisations concrètes et des cas d'études par des architectes, des urbanistes professeurs d'universités en Italie et en Algérie. Plusieurs points de vue ont été abordés autour d'une table ronde englobant des projets soit en études ou en propositions, toujours avec les mêmes préoccupations communes pour une urbanité et une architecture durable avec en sus une présentation des solutions du mieux vivre ensemble.
Le premier qui prendra la parole est Frederico De Giuli, architecte, directeur du comité scientifique de l'Institut d'art appliqué et design. Ayant pour thème «La qualification urbaine», l'architecte italien a choisi la ville de Turin comme choix de modèle mono-industriel et d'autogérence et de suffisance économique grâce à un plan de valorisation de la ville par la revalorisation de son centre historique et sa consolidation économique y compris au niveau périphérique de la ville. Domenico Pastore, architecte, professeur de design d'architecture, à Polytechnique de Bari, a intitulé son exposé «Transformer l'existant. Nouvelles architectures dans la ville». Il s'appuiera sur un travail de photomontage pour la revalorisation des édifices de maisons au niveau de la façade, des murs et du patio notamment et à travers une touche moderne que sont la couleur, la lumière et la pierre. Une façon d'injecter de la modernité dans des architectures anciennes qui permettent de transformer l'édifice et changer l'image de la ville. Akli Amrouche, architecte urbaniste, sténographe algérien a, quant à lui, traité dans son sujet d'un cas très intéressant dans le tissu urbaniste algérien à savoir la prolifération des quartiers construits de façon anarchique en intitulant son intervention «Quartiers en mutations: laboratoires pour solutions innovantes». Des quartiers, fait-il remarquer, «construits sans règle d'urbanisme, sans autorisation, illicites, anarchiques, sans contrôle, éternel chantier chaotique sans architecte». Cela entraîne, ajoutera-t-il, des «espaces également conçus sans connaissances et études sur ce type de quartiers, absence d'analyse fine du tissu socio-économique, de visions à long terme etc. Quelles solutions faut-il apporter' Akli Amrouche dira qu'il faut d'abord «faire avec et non faire pour». Dans le sens où il faut promouvoir la participation, s'organiser et agir, en intégrant une cohérence politique et transformant les outils de l'urbanisme en faisant appel à différents moyens de financement dans les recettes des impôts locaux, montage financier communal, le crowdfunding, engager la responsabilité des citoyens comme ce fut le cas à Rotterdam où les habitants du quartier ont pu se réunir et construire un pont au niveau de leur quartier etc. Yasmine Terki, architecte, directrice du Centre algérien du patrimoine culturel bâti enterré (Capterre) a abordé pour sa part
«la réhabilitation de l'image du matériau terre au service du patrimoine architectural algérien». Elle entamera son intervention en relevant que «les secteurs sauvegardés ont été choisis pour préserver nos centres historiques. En théorie, 21 secteurs sauvegardés ont été créés en Algérie dont huit sont situés dans les wilayas du Sud. Des mesures de protection légales existent, mais en réalité c'est malheureusement un échec.
Les propriétaires refusent d'entretenir leurs habitats et attendent d'être relogés. Ils détruisent leurs maisons, ils refusent l'aide financière de l'Etat. L'expropriation serait difficile car ce serait une centaine de maisons sur tout le territoire national». Elle donnera pour preuve, en images, quelques exemples de l'échec des secteurs sauvegardés. Elle sélectionnera des images de ksour qui bénéficient de mesures de protection légale, mais qui demeurent à l'abandon car pas âme qui vive autour, notamment de Temacine qui est dans un état de ruine avancé et d'autres à Ouargla, Béchar, El Bayedh. «On n'a pas introduit le confort moderne, on a fait perdre à ces édifices leur valeur d'usage.
Des édifices qui se retrouvent dans des zones isolées où il n y a rien autour. Personne ne peut vivre dans un espace où les besoins quotidiens ne sont pas pris en charge. Malgré l'investissement de l'Etat, les ksour restent vides. Rien n'a été prévu ni route ni transport ni une école, commerce, poste, aucun service d'où le désert de ces ksour réhabilités et rénovés par l'Etat. Investissement qui est totalement inutile. Malheureusement.» Aussi, elle évoquera également les raisons subjectives de cet échec qui sont les idées fausses sur les architectures de terre. Des préjugés qui sont collés au matériau de terre considéré comme celui du pauvre, l'idée selon laquelle la terre fond sous la pluie... Or «ce n'est pas vrai, il existe des ksour millénaires qui se tiennent encore debout.
Le patrimoine bâti en terre est en train de disparaître à cause de la dévalorisation de l'image du matériau en terre; il faut au contraire promouvoir son image dans l'esprit des populations», a-t-elle conclu Enfin, Halim Faïd, architecte urbaniste sténographe a tenu à intituler sa conférence «Le design en architecture: démarche ou préalable'» Il choisira d'emblée de poser la question suivante: «Est-ce que le design, le beau, l'esthétique doit être un préalable à toute action ou c'est une démarche pendant tout le processus de création'» Comme début de réponse il présentera un petit film qui montre une grande partie de la production de l'atelier dans lequel il exerce.
«La dernière offre que le public a pu voir de notre travail est ce lieu, le Mama qui date de 10 ans exactement (...) L'idée était: au lieu de présenter des projets on va discuter de démarche. Nous sommes nourris toujours par la même intention. On a une feuille blanche, une question qui est posée. On doit y répondre. Nous ne sommes pas des sculpteurs, des virtuels.
Le design dans notre démarche d'architecte, c'est cette chose qui va naître dans cet espace qui se situe entre le concept et le premier dessin. Il va nous accompagner tout au long du processus de création. Quelle que soit l'échelle d'intervention urbaine, soit sur un objet...L'architecture devient le terrain de jeu du design. Si on ne met pas l'homme au centre du dispositif on perd pied. Il ne faut jamais que la question du beau soit un préalable, mais ça doit être quelque chose ancrée qui nous accompagne une fois qu'on a préparé le terrain pour que le design puisse s'exprimer.
Le plus difficile est le défi de résister à la tentation de plaire.» C'est par ces belles paroles à méditer que s'est achevé cet après-midi où beaucoup de choses ont été dites et débattues, le plus important est qu'il ne faut pas s'éloigner du beau quand on veut faire oeuvre d'autant plus confortable et durable, même si c'est ce dernier qui doit primer d'abord. L'un n'empêche pas l'autre, c'est le dosage de cette bonne combinaison auquel nos architectes designers doivent se soumettre encore et encore pour satisfaire cette fois leur client potentiel. C'est écrit immanquablement au fronton du concept de l'offre et la demande de l'industrie. C'est comme ça...
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